Fides et Ratio – 20 ans – Encyclique prémonitoire.   

Ce 14 septembre, l’Eglise célèbre le vingtième anniversaire de la publication de l’encyclique « Fides et Ratio », de Saint Jean-Paul II.

Saint Jean-Paul II  y invite tous les hommes, principalement les femmes et les hommes de pensée, à l’exercice audacieux et rigoureux de la raison constitutive de leur être, par delà leurs différences; en vue d’atteindre la vérité.

Il insiste sur la noblesse et l’importance décisive de ce qu’il appelle indifféremment « la raison », « la raison philosophique », « la droite raison », ou « la raison philosophico-religieuse » commune à tous les êtres humains.

« Le rapport actuel entre foi et raison demande un effort attentif de discernement, parce que la raison et la foi se font toutes deux appauvries et se sont affaiblies l’une en face de l’autre. La raison, privée de l’apport de la Révélation, a pris des sentiers latéraux qui risquent de lui faire perdre de vue son but final. La foi, privée de la raison, a mis l’accent sur le sentiment et l’expérience, en courant le risque de ne plus être une proposition universelle. Il est illusoire de penser que la foi, face à une raison faible, puisse avoir une force plus grande; au contraire, elle tombe dans le grand danger d’être réduite à un mythe ou à une superstition. De la même manière, une raison qui n’a plus une foi adulte en face d’elle n’est pas incitée à s’intéresser à la nouveauté et à la radicalité de l’être » (n°48).

« Plus l’homme connaît la réalité et le monde, plus il se connaît lui-même dans son unicité, tandis que devient toujours plus pressante pour lui la question du sens des choses et de son existence même… Un simple regard sur l’histoire ancienne montre…clairement qu’en diverses parties de la terre, marquées par des cultures différentes, naissent en même temps les questions fond qui caractérisent le parcours de l’existence humaine: Qui suis-je ? D’où viens-je et où vais-je ? Pourquoi la présence du mal ? Qu’y aura-t-il après cette vie ? » (n°1).

Durant ces vingt dernières années, surtout en médecine et en biologie, le relativisme a avancé inexorablement.

Le relativisme nie la possibilité de proclamer la vérité première d’un acte, son objectivité, au sens où l’on admet qu’il existe une réalité ayant un sens et une consistance indépendamment du sujet connaissant.

Le relativisme aboutit, en ce qui concerne la connaissance, au scepticisme; en ce qui concerne la morale, à la « morale à la carte »; et en ce qui concerne la religion, à l’indifférentisme.

Face à cette transgression compulsive dans tous les domaines, la philosophie ne revendique plus un discours réel de vérité. L’émotivisme a remplacé la rationalité.

Quant à la science, elle admet que sa vérité est approximative et progressive.

Face à la c relativiste qui déshabille le sacré, la foi apparaît de plus en plus comme un espace qui peut donner lieu à la rationalité.

Plus qu’un dialogue – une articulation – entre foi et raison, comme le demandait Saint Jean-Paul II , il est impératif aujourd’hui, de ré-investir l’espace élargi de la rationalité, car elle est hélas en crise.

Comme a souvent affirmé J.Ratzinger-Benoit XVI, il est impératif aujourd’hui de faire sortir la raison de la cage où le rationalisme l’a renfermé, d’élargir à nouveau l’espace de son exercice. Cela est nécessaire afin que les sciences, concrètement la biologie et la médecine, non seulement continuent à savoir ce qu’elles réalisent, mais arrivent à comprendre les sens profond et ultime de ce qu‘elles effectuent et puissent ainsi disposer des critères normatifs (éthiques, moraux) qui permettraient de réguler leurs actions (en leur disant ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas faire).

Prof.Dr.Bernard Ars

Président FIAMC.